Aimes-tu entendre des rumeurs ?

Je déteste les rumeurs. C'est malsain, cruel et destructeur. Je connais des gens qui se sont suicidé à cause de simples rumeurs. Les gens ne se rendent pas compte du mal qu'il font autour d'eux, c'est fou. Depuis mon arrivée en ville, je tente sans succès d'évincer le maximum de rumeurs, en rejetant les commères du commissariat par exemple. C'est grâce à des petits actes qu'on obtient de grands résultats parait-il.

As-tu peur que l'on découvre tes secrets ?

Bien sur que j'ai peur que quelqu'un découvre on secret. Je n'ai pas envie d'aller en prison, perdre ma fille et mon métier. J'ai l'obligation de le cacher jusqu'à temps qu'elle soit grande. Je ne veux pas qu'elle grandisse sans père, sans parents. Je ne sais pas jusqu'où je peux aller pour protéger ce secret. Mais j'ai une arme. C'est un début de piste.

Tics et manies

Je suis en ville depuis deux mois maintenant. J'aime bien le calme et la tranquillité, de ce côté là je suis plutôt heureux. Par contre, je ne supporte pas l'ambiance malsaine qui y règne. C'est très pesant. Je suis quelqu'un de drôle qui aime faire des blagues aux autres, une manière pour moi d'aller mieux. Le sourire de quelqu'un me donne envie de rire aussi. J'aime me promener avec ma fille dans les parcs mais je n'aime pas devoir le faire en y étant obligé. J'ai un chien, Midnight, de type Doberman. Il adore ma fille et passe son temps à jouer avec. Oui, je sais, un chien comme ça avec un petit bout de deux ans, c'est limite. C'est ma vie. J'adore jouer aux jeux-vidéos, regarder la télé et passer mon temps sur mon pc, mais il m'arrive aussi de sortir dans les bars, surtout quand Luna est chez sa grand-mère.

Et ton ou tes secrets ?

J'ai tué quelqu'un. Ça été classé comme de la légitime défense, mais ce n'est pas vrai. J'ai voulu la mort de ce type. C'était libérateur. Je compte sur vous pour découvrir qui et pourquoi.

L'histoire du personnage

Quand elle est morte, une partie de moi est morte avec elle. J’ai beau prier et exiger qu’elle revienne, personne ne répond à mes prières. Dieu n’existe pas. Ce n’est pas lui qui a balancé l’humanité sur Terre. Ce n’est pas lui qui règle les problèmes. Il ne fait rien. Dieu, c’est un putain de fonctionnaire qui passe son temps à faire la grève. J’ai arrêté de croire en lui quand j’ai vu le visage d’ange de ma femme disparaitre sous le couvercle du cercueil. Les gens pleuraient, comme si eux aussi pouvaient la regretter. J’avais mon plus beau costume, celui avec la cravate, son préféré. Elle adorait me voir habillé comme cela. Ça me donnait un air classe qu’elle disait. Elle me manque tellement. Et puis elle a disparue pour de bon, recouverte de plusieurs mètres cubes de terre. Une terre que je foule maintenant tous les jours pour déposer des fleurs sur sa tombe de granit. Je l’aimais. C’est con à dire, mais je l’aimais. Elle était la seule à me connaitre réellement, la seule qui savait me consoler quand j'allais mal. C'était comme la mère que j'ai jamais eu, avec elle je me sentais invincible. Son sourire me suivait toute la journée et même si nos chemins se sont séparés, je continue à penser à elle. J'ai jamais su pourquoi elle m'avait quitté, quelques mois avant sa mort. Son suicide reste un mystère total pour moi. Sa lettre d'adieu ne change rien. Je la garde précieusement dans ma table de nuit. Je ne l'ai jamais ouverte. Si je la lisait, ça voudrait dire qu'elle est partie pour de bon. C'est la seule chose qui puisse la retenir près de moi.

Je suis dans ma chambre et je regarde le plafond. Les pleurs de ma fille couvrent les miens. Elle hurle. Je sais que je suis censé me lever et aller dans sa chambre pour la consoler, mais j'en ai pas la force. J'ai juste envie qu'elle se taise et qu'elle me laisse repenser à sa mère. Je ne supporte plus ses cris incessants, cette manière qu'elle a de me réveiller en pleine nuit pour réclamer quelque chose. Elle me fatigue. Sa grand-mère maternelle me dépanne de temps en temps, mais pas assez à mon gout. Luna ne comprend pas pourquoi je la laisse de côté. Elle ne comprend pas que quand je regarde ses grands yeux bleus, je revois sa mère et son regard au couleur de l'océan. 2 ans. Elle est trop petite pour savoir que je ne suis pas assez fort pour nous deux. J'étais faible avant, je ne suis que l'ombre de moi-même maintenant. Je sais que c'est égoïste de penser à ma petite personne et la laisser sur le bas-côté, mais c'est plus fort que moi. Et puis la voix de mon ex-femme se fait entendre. Elle chuchote. Elle me dit d'aller dans sa chambre pour lui offrir ce qu'elle ne peut plus lui donner. Je ne refuse jamais rien à Rose. Alors je me lève et j'ouvre la porte de Luna, un petit sourire sur la visage. Je lui susurre que papa est là et qu'il sera toujours là pour elle. Elle semble y croire. Elle m'adresse un sourire et son visage se transforme. A croire que je lui donne de ma force. J'en ai peut-être plus que ça finalement.

J'aime mon métier. Pourchasser les gros méchants avec un flingue, c'était un rêve de gosse. Un rêve que j'ai réalisé. Je suis policier. C'est pas comme je l'ai imaginé quand j'étais petit, mais c'est plutôt cool. J'aide les gens et je suis celui qui inspire confiance. Souvent, les gens appellent le commissariat pour raconter leurs vies. Pas le choix, être flic, c'est travailler dans le social. Mais être flic, c'est pas juste faire pan pan avec son pistolet. Être flic, c'est se lever à deux heures du matin pour une urgence, réveiller sa fille pour la conduire chez sa gentille grand-mère et foncer sur le lieu de l'incident. Être flic, c'est enlever aux parents leurs enfants en danger pour les accompagner dans un foyer, au risque de les voir pleurer. Être flic, c'est arrêter quelqu'un d'innocent alors que le véritable coupable est libre. Pourtant, c'est un métier que j'adore. Et puis, l'uniforme des policiers permet bien souvent de ramener quelques poulettes à la maison, que demander de plus ? Ne pas avoir d'enfant et ne plus penser à mon ex-femme, peut-être.

Deux mois que je suis dans cette petite ville. Luna s'acclimate plutôt bien et mon intégration au commissariat du coin se fait doucement. Mes relations avec ma belle-mère sont cordiales même s'il arrive parfois que le ton monte entre nous. Qui aime sa belle-mère de toute manière, hein ? Elle me répète souvent qu'elle sait pourquoi sa fille m'a quitté. Après 3 ans de mariage, c'était couru d'avance selon elle. Je déteste quand elle me raconte cela. Rose et moi, c'était pour la vie. J'en suis certain. Elle m'a sans doute quitté pour me protéger ou une connerie comme cela. Il y a une raison. Il DOIT y avoir une raison.

Matthias, mon petit Matthias.

Je sais que tu as toujours été bon pour moi et que tu m'aimais. Moi aussi, dans une certaine mesure. Cependant, je n'en pouvais plus de vivre une vie qui ne me satisfaisait plus. J'ai décidé de te quitter, de vous quitter, pour tenter une nouvelle aventure, recommencer ma vie à zéro. J'ai rencontré quelqu'un d'autre, un homme charmant qui me comble jour après jour. Pourtant, je n'arrive plus à sourire. Je sais maintenant que ce n'était pas de ta faute, mais la mienne. Je n'ai plus ma place ici. Je sais que c'est lâche et que je n'ai pas le droit d'abandonner Luna, de t'abandonner, mais je n'ai pas d'autre solution. Aime-la comme tu m'aimes Matthias, elle seule compte à présent. A jamais, je t'aime.

Rose.